La chambre sonore est investie par quelques gagnants du prix phonurgia nova

À l'occasion de la remise des prix Phonurgia Nova les 10 et 11 décembre, la chambre sonore accueille quelques gagnants du prix Phonurgia Nova.


Phonurgia Nova rend hommage aux artistes sonores qui ont marqué les précédents palmarès arlésiens :
7 créateurs primés, sont ainsi invités dans la Chambre sonore, igloo acoustique situé dans le hall d’entrée de la Gaîté lyrique. Qu'ils viennent du théâtre, de la radio, de la photo ou des arts numériques, tous travaillent à partir des sons enregistrés, pour saisir le réel.
La gamme d'ondes de ce parcours est vaste : de la peinture d’un univers réel en constant mouvement (le port de Sydney saisi par les micros de Sherry Delys et Russel Stapleton) à la photographie sonore d'habitants de Genève (Au revoir Merci de Yves Meylan) ; de l'évocation des sons volcaniques (Cratère de Hanna Hartman) aux berceuses fredonnées de Christophe Korn (Volkslied) ; des poèmes acoustiques virtuoses de Bernadette Johnson (6 Summer fragments) aux derniers souffles d'une langue condamnée au silence (The Last Voice de Joaquin Cofreces).

Un monde de sonorités en 7 univers juxtaposés, 7 tableaux réunis par un fil rouge : le son comme médium du réel et de l’imaginaire.

 

« The Last Voice » de Joaquin Cofreces (Terre de feu)

7 min - Prix Phonurgia Nova 2008
C’est une oeuvre taillée dans les sons bruts de la Terre de feu : vagues, vent et vibrations, pour raconter la mort des Yaghans et du yaghan, peuple et langue de ce bout du monde. Une pièce qui utilise le réel pour emmener vers l'imaginaire. On est ici dans le sonore, pas dans le discours. (Hervé Marchon, Libération)
Joaquin Cofreces est né en 1975 à Buenos Aires, en Argentine, mais il a vécu la plus grande partie de sa vie à Ushuaia, en Terre de Feu. Quand il était enfant les radios en ondes courtes lui apportaient les sons du monde qu’il écoutait, les yeux fermés.
Depuis 1995 il créée des installations sonores dans des lieux différents mélangeant l’art sonore avec d'autres expressions  comme la peinture, le théâtre et la photographie. Il a grandi dans une petite ville sur une île, sans formation universitaire, ni influences. Ses productions radiophoniques essayent toujours d'expérimenter de nouvelles techniques d’écriture. Collectionneur, il emporte toujours pendant ses voyages un enregistreur au lieu plutôt qu’une caméra. Journaliste intuitif, il conçoit la radio comme un espace d'expérimentation
 

« Cratère » de Hanna Hartman (Suède)

26,54min (Deutschlandradio Kultur Klangkunst, 2003) - Prix Phonurgia Nova 2006
Ce cratère est un soundscape, une peinture sonore au bord d'une marmite géante, un paysage en ébullition. Eruptions, geysers, sons puissants et silence de l’attente retenue, une belle fresque sur une large gamme de sonorités. Les enregistrements qui ont servi à cette composition ont été pris lors de l'éruption de l'Etna en 2002 et au pied des geysers d'Islande.
Née à Uppsala en 1961, Hanna Hartman vit et travaille à Berlin depuis l’an 2000. Elle reçoit des commandes des radios publiques Suédoise, Danoise et Allemandes. En 1998 elle a reçu le Prix Europa et en 2000 le Prix Karl-Sczuka. Puis, en 2006, le Prix Phonurgia Nova. En 2010 elle a reçu une commande du CNAP pour le Musée Réattu d'Arles. Son site www.hannahartman.de
 

« 6 Summer fragments » de Bernadette Jonhson (Suisse)

5min Prix Phonurgia Nova 2009
Bernadette Johnson a été distinguée à plusieurs reprises par le Concours Phonurgia Nova. Son travail se caractérise par une recherche -et une expression très réussie- de l'intériorité. Le raffinement et l'audace du montage, le choix des sons et leur traitement permettent à l'auteur d'élaborer une forme-écho, une magnifique métaphore de la mémoire, de l'agencement instables des souvenirs. "En matière d’écriture, déclare-t-elle, je cherche avant tout des méthodes conduisant à la suppression du son. Je m’intéresse aux signes acoustiques en tant que déclencheurs d’autres images".
Née à St Gall en Suisse en 1955, elle a reçu une formation technique au studio de musique électronique du Conservatoire de Bâle et à la radio Suisse DRS. Artiste indépendante, elle est l'auteur de documentaires sonores, de "Hörspiel" et d'installations sonores.

« Au revoir, merci » de Yves Meylan (Suisse)

douze petites chroniques de 5 à 8 minutes. Prix Phonurgia Nova 1994.
Musicien et photographe, Yves Meylan a toujours été fasciné par l’aspect sonore de la photo, les sons environnants et tout ce qui se passe entre le photographe et lui-même ou avec le sujet dans le cadre du portrait. En 1995, il a passé une matinée par semaine pendant trois mois dans le magasin de son ami Francis Trauning (marchant de vêtements et photographe), à enregistrer tout ce qui se passait pendant que ce dernier photographiait ses clients et amis de passages. Le scénario était toujours le même et le décor aussi, une rangée de costumes sur cintres. "J’ai été très intéressé par le fait que les "sujets" surtout préoccupés par la pose et les successions de centièmes de seconde étaient libérés de la présence du micro et ainsi me faisait partager simplement leur vie pendant une heure ou deux. C'est la vie de tous les jours, à la fois tendre et cruelle."
 

« Containers » de Sherre Delys et Russel Stapleton (Australie)

15,25min (ABC Sydney, 2001) - Prix Phonurgia Nova 2003
" Avec le son, nous avons voulu peindre l"ailleurs ". L'oeuvre, produite par la radio publique ABC, primée à Arles en 2001, est un paysage composé d'enregistrements de la baie de Sydney et de l'entrepôt maritime de Port Botany en Australie, pris au cours d'une journée de l'an 2000. Des sons lourds retentissent de toute part tandis que les bateaux s'élancent vers le large. L'oeuvre frappe par son approche extrêmement nuancée des "couleurs du son ".
Sherre Delys est née en 1958 aux Etats-Unis et vit en Australie. Elle est responsable du programme expérimental de la chaîne publique ABC. Russel Stapleton est ingénieur du son, producteur de radio et compositeur. Il travaille au département d'art audio de ABC.

 

« Frost Pattern/Fire Pattern » de Andréas Bick (Allemagne)

Installation sonore au rez-de-chaussé à partir du 10 décembre
Commande de Deutschlandradio Kultur (2 x 26 min.)  - Prix Phonurgia Nova 2008.
L'œuvre d'Andreas Bick se distingue par la qualité remarquable de sa prise de son. S'approchant au plus près des phénomènes qu'il veut évoquer (la sublimation de l'eau, l'embrasement, le gel, les craquements de la glace polaire), il en tire une matière sonore puissante. Ce dyptique place l'auditeur en position d'observateur patient et subjugué par les forces naturelles.

Né en 1964 à Marl en Basse-Saxe, Andréas Bick vit à Berlin depuis 1983. D'abord musicien de rock autodidacte connu de la scène underground berlinoise et ingénieur du son, il est depuis 1996 auteur de musiques de films et de pièces d'art audio. Ses créations sonores  sont fondées sur une intime observation de la nature et sur la recherche des qualités musicales inhérentes aux processus naturels qu'il observe à l'occasion de ses voyages. Son travail sonore est généralement concentré sur un matériau strictement défini : propriétés acoustiques des gouttes d'eau, du vent, de la glace, de la peau humaine ou d'autres matériaux. Toutes ces sources ont en commun un potentiel particulier à générer des sons fascinants à la limite du silence. Les capturer exige des efforts techniques difficilement imaginables, aussi on peut dire que beaucoup d'entre eux n'ont jamais été réellement entendus avant d'entrer dans ses compositions. Dans d'autres travaux, Andreas Bick s'est intéressé aux propriétés acoustiques et émotionnelle de la peau humaine (" Der Klang der Haut "), aux phénomènes sonores créés par la glace " (Ice patterns " ) et à des sons évoluant sur de longues périodes de temps (Tagesringe).

 

« Volkslied » de Christoph Korn (Allemagne)

installation sonore au rez-de-chaussé à partir du 10 décembre
43 min.  Commande de Deutschlandradio Berlin, 2004. Nominé au concours Phonurgia Nova 2005.
C'est comme un calligramme : si l'on déchiffre les lettres, l'image se perd, et si l'on reconnaît l'image, la langue disparaît. L'oeuvre est basée sur la fragmentation de vers et de textes tirés de la chanson populaire germanophone ainsi que des fragments de "Herakles 2 ou l'Hydra" d'Heiner Müller. A l'origine de cette pièce, une installation  d'Oliver Augst et de Christoph Korn produite par la radio de la Hesse en 2002 et Intermédium 2 / ZKM.
Christoph Korn a étudié la philosophie, les sciences politiques et la pédagogie. Depuis le début des années 90, il travaille comme artiste indépendant. Ses oeuvres se situent au croisement de l'art audio et des arts médiatiques. Une partie essentielle de son travail interroge le phénomène "de durée". Au cours des dernières années, il a mis cette question au centre de sa pratique, notamment à travers la stratégie de la suppression et du retrait.
Ses œuvres ont été exposées dans de nombreux festivals de musique contemporaine et d'art médiatique comme Ars Electronica/Linz, Centre Pompidou/Paris, Transmediale/Berlin, MMK Sraßbourg, Kunsthalle Düsseldorf, ZKM/Karlsruhe ou diffusées par les stations  allemandes comme HR, WDR, SFB et Deutschlandradio.
En 2008, il a obtenu le Prix Phonurgia Nova dans la catégorie "intermedia".