Le Music Festival North West est à Portland ce que South By Southwest est à Austin : le festival rock de référence, où tous les groupes locaux ont déjà joués au moins une fois. Pendant une dizaine de jours, en septembre, le festival se déploie dans toutes les salles de concerts de la ville, ainsi qu’en plein air, sur la grande place de Downtown Portland.
Petit florilège de choix du festival rock de référence à Portland, le Music Festival North West.
The Thermals
On connaissait la « hi-fi » et la « lo-fi », mais pas encore la « no-fi ». C’est pourtant bien le terme qu’ont trouvé The Thermals (lien externe)pour décrire leur premier album, en 2003, donnant ainsi la preuve de leur grand sens de l’autodérision. De l’aveu du groupe, More Parts Per Million, enregistré plein de bruit et de fureur dans une cuisine sur un 4 pistes, n’aurait coûté que 10$, mais ce détail n’a pas empêché Sub Pop (le fameux label de Seattle qui a découvert Nirvana) de signer illico le jeune power-trio, de faire mixer ses bandes par Chris Walla de Death Cab For Cutie's et d’en écouler pas mal d’exemplaires. En moins de dix ans, le groupe s’est fait une solide réputation scénique, écumant les salles et épuisant six batteurs, avant de trouver sa formule actuelle. Entre Ramones, Fugazi et college-rock, de la « no-fi » des débuts à la « hi-fi » du dernier bébé-punk Personal Life, sorti sur Kill Rock Stars (après une « séparation amicale avec Sub Pop »), le trio de Portland marie efficacité saturée, mélodies catchies, et lyrics très marrants. Mets tes Converse et viens slammer.
The Helio Sequence
Ce duo de Beaverton (banlieue de Portland) associe depuis 1999 Brandon Summers (guitares électrisantes et chant émotionnel) à Benjamin Weikel (batterie métronomique et synthétiseurs analogiques, venu de Modest Mouse,). Ce mariage peu orthodoxe entre écriture rock et oscillations de fréquences rappelle la new-wave des années 80 (Echo & The Bunnymen, Smiths) ou l’indie-rock un peu dark de Windsor For The Derby, Interpol ou The National. Cette structure ramassée sur deux personnalités fait en tout cas de The Helio Sequence (lien externe) une entité dense et pure, où le jeu à quatre mains intensifie l’expression, les arrangements se concentrant autour du chant comme un flux de conscience. Sub Pop ne s’y est pas trompé, qui a sorti deux albums du duo, accompagnés de tournées (avec Blonde Redhead, Modest Mouse, Kings of Leon) assez épiques pour que Brandon y perde un temps sa voix. Il l’a belle et bien retrouvée, comme vous pourrez le constater ce soir, avec vos oreilles.
Nurses
Ce trio de Portland est traditionnellement comparé à Animal Collective ou MGMT, pour ses tendances psyché-pop : rythmiques tribales ou R’n’B concassée, basses qui décollent la plèvre, petites boucles bruitistes dans les coins, guitares surf réverbérées, chorales enfantines gorgées d’échos. Moins expérimentaux que le collectif animal new-yorkais, Nurses (lien externe) soigne le dancefloor avec des pop-songs aux mélodies élastiques, influencées (comme noté sur leur dernier album, Dracula) par Prince autant qu’Arcade Fire ou Sun City Girls, avant de passer en mode chillwave-ambient (plus Toro Y Moi ou Washed Out), pour le repos des corps et l’envol des esprits.
De jeunes chamans à découvrir donc, pour leurs vertus euphorisantes autant que reposantes.
AU
AU (lien externe) (prononcez « Ay-you ») est le projet du multi-instrumentiste Luke Wyland, accompagné depuis son installation à Portland en 2005 par le batteur Dana Valatka (Jackie O’Motherfucker, Mustaphamond). Tandis que Valatka, fort d’une expérience de batteur dans des groupes de jeunesse heavy metal, manie avec dextérité les rythmiques les plus complexes (rock, afro, jazz, free), Wyland régale les yeux en instrumentiste multitâches, passant avec une impressionnante précision de la guitare à l’orgue, de l’orgue au mélodica, du melodica au pad. Les deux hommes-orchestres, comme connectés télépathiquement sur scène, ont récemment joués leur math-rock épique et intense en ouverture de Deerhoof, The Dodos, The Parenthetical Girls ou WHY?.